Que sont les coopératives de commerçants ?

le 05 septembre 2006

Quelles sont les principales différences entre franchise et coopérative ?

En coopérative, si on s’enrichit, c’est tous ensemble. Tandis que, dans le système de franchise, certains ont tendance à penser que le franchiseur s’enrichit plus ou moins sur le dos des franchisés. En réalité, ce sont deux modes différents d’organisation et de financement. Dans la coopération, on partage les moyens. On est dans un système participatif, basé sur la recherche permanente du consensus. Dans un réseau de franchise, c’est le franchiseur qui représente l’avenir du réseau et c’est de sa responsabilité d’agir dans ce sens, sans aller contre les intérêts de ses franchisés. Dans un groupement coopératif, cette responsabilité est collective.

Par ailleurs, les coopératives ont leur propre outil de financement, la Socorec, qui accorde des crédits et intervient en caution au profit de ses membres.

Y a-t-il des ponts entre les deux formules ?

La Guilde des Lunetiers a repris le réseau de franchise Lynx Optique, et avant elle, Optic 2000 avait absorbé la franchise Lissac. A chaque fois, l’identité et les structures des réseaux de franchise ont été préservées. On peut aussi voir un adhérents Krys devenir franchisé Lynx. Chez Weldom, certaines unités sous enseigne sont franchisées.

L’organisation en coopérative n’est-elle pas moins dynamique que celle de la franchise ?

Le monde de la coopération comporte beaucoup de belles enseignes, qui pèsent leur poids. Il y a beaucoup moins de création qu’en franchise, mais beaucoup moins de fragilité aussi. Les réseaux coopératifs ont plus pérennes.

Comment sont structurées les coopératives de commerçants qui représentent 25 % du commerce français ? Quelle est leur philosophie, en quoi se différencient-ils de la franchise ?

Les coopératives de commerçants ont un poids majeur dans le commerce de France. Les 55 groupements adhérents de la Fédération des Enseignes du Commerce Associé (FCA) se déclinent sous une centaine d’enseignes, réalisent un chiffre d’affaires proche de 99 milliards d’euros, à travers 34.560 points de vente appartenant à 27.600 commerçants associés pour 399.250 employés dans les centrales et les magasins. Parmi ces enseignes, on peut citer Intersport, Sport 2000, Intermarché, Leclerc, Système U, Julien d‘Orcel dans la bijouterie, Krys et Optic 2000 dans l’optique, le bricolage avec Bigmat.

Les coopératives de commerçants ont été créées par des “ commerçants qui, historiquement, ont voulu se regrouper pour mutualiser les achats, rappelle Alexandra Bouthelier, Déléguée générale de la FCA. Puis, sont venus d’autres services en commun, comme la formation et la communication ”. Les adhérents sont à la fois associés et clients. Ils participent bénévolement à la vie du groupement. C’est le fameux “ tiers temps ” d’un groupement comme Intermarché : les adhérents, les “ Mousquetaires ” sont tenus de consacrer un tiers de leur temps à la gestion du groupement.

Une équipe de salariés assure les fonctions permanentes. Mais elle est réduite : 4 personnes seulement au groupement La Taverne de Maître Kanter, 43 salariés pour la centrale de Monsieur Meuble, 370 à la Guilde des Lunetiers pour un parc de plus près de 3000 boutiques. “ En général, les groupement sont organisés en binômes associés/permanents. Il y a donc de fait une double gouvernance ”.

Au niveau juridique, les groupements sont des SA à capital variable, ce qui permet à chaque nouvel adhérent d’être immédiatement un associé. “ La gouvernance de ces groupements se fait sur un mode démocratique. Chaque adhérent a une voix. Comme toutes les grandes orientations sont décidées et validées en Assemblée Générale, chacun a le même pouvoir de décision ”.  Cela peut être décisif, notamment en cas de rapprochement entre groupements. La fusion de la Guilde des Orfèvres avec les Bijoutiers de France a été avalisée par les adhérents, mais dans d’autres cas, il a fallu annuler des opérations semblables, pourtant déjà engagées fort en avant.

L’enseigne n’est pas toujours obligatoire. Un commerçant peut souvent adhérer au groupement sans prendre l’enseigne. C’est le cas par exemple à la Guilde des Lunetiers qui compte 1 127 magasins sous enseignes sur un total de 2 836. C’est vrai également dans les groupements pharmaceutiques comme Giropharm qui regroupe plus de 800 officines à l’enseigne unique “ Pharmacie ” !

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